The River - 1x1 : Magus, 1x2 : Marbeley

© 2012 - ABC

ABC nous offre en cette mi-saison un projet qui ne ressemble (sur la forme, sur le fond nous y reviendrons) à aucun autre, en tout cas à la télévision. Et avant d’entrer dans le vif du sujet, je pense qu’il faut féliciter la chaine pour l'originalité de ses choix, osés qui peuvent ne pas plaire mais qui ont le mérite de sortir du lot.

The River nous raconte l’histoire de la recherche par sa famille et ses amis d’Emmet Cole, sorte de Nicolas Hulot américain, qui a disparu aux fins fonds de l’Amazonie lors de sa dernière aventure. Homme de télévision, Emmet animait l’une des émissions les plus populaires de son temps, sorte de mélange entre Ushuaia et Koh Lanta : il parcourait le monde avec sa femme et son fils, et les trois étaient filmés à chaque instant de leur vie, de leurs aventures. Il est important d’insister sur la présence du monde audiovisuel dans leur vie, car il influe sur la réalisation. Si Emmet n’avait été qu’un simple explorateur, son bateau n’aurait pas été truffé de cameras, nous privant alors de l'un des ressorts dramatiques principaux de la série.

En effet, la série est tournée à la fois telle un documentaire, car c’est en fait un documentaire puisque nous avons devant nos yeux les rushs des cameramen pendant la mission de sauvetage (puisque les anciens producteurs d’Emmet sont encore là pour filmer et faire de la « bonne télé »). Caméra à l’épaule, mais aussi parfois au travers des caméras de surveillances du bateau, un peu comme dans Person of Interest. Cela fait penser au film Cloverfield, ou encore à Paranormal Activity, chose assez logique puisque c’est Oren Peli, réalisateur de ces films qui est derrière le projet, avec ni plus ni moins que Steven Spielberg, très actif en matière de télé cette année (j’ai dit très actif, pas forcément très inspiré).  Cette forme nouvelle de réalisation (pour une série) est intéressante et plonge le spectateur (en tout cas c’est l’effet que ça a eu sur moi) au sein même de l’aventure. Nous avons l’impression de faire partie de cette expédition, comme une petite souris qui pourrait être témoin de tout ce qui se passe dans le bateau (ce qui n’est pas le cas des autres personnages).

Mais en plus de nous impliquer davantage dans l’aventure, cette forme de réalisation tend à amplifier le deuxième point important de ces deux premiers épisodes : le suspens et la frayeur. Car nous sommes dès le départ dans une série fantastique et presque horrifique, et je dois vous dire qu’autant le premier épisode m’a intéressé mais ne m’a pas fait très peur, autant je n’étais vraiment pas fier lors du visionnage de leur expédition en foret du deuxième épisode.

De l’horreur, de la magie, chamanique et surnaturelle, des mystères (Emmet était à la recherche d’une Source qu’il ne semble pas être le seul à vouloir trouver) à la Lost, cette série est portée par un casting assez solide (on voit peu Bruce Greenwood mais ses performances dans les cassettes sont assez fortes, et sa femme et son fils, interprétés par Leslie Hope et Joe Anderson sont plutôt bons) et par une réalisation qui sort de l’ordinaire. Alors oui, ça ne plaira pas à tout le monde, oui on a du mal à voir comment ils pourraient dépasser la saison unique (tant en terme d’audience qui n’est déjà pas terrible que de scénario qui semble limité), mais en tout cas je trouve que The River apporte ce qu’elle promettait d’apporter, du suspens, de l’action et du mystère, le tout dans un environnement magnifique (saluons la beauté – réelle puisque la série semble être tournée in situ – des décors) mais dangereux.