Critiques
Seriesaddict.fr par Dimitri Tuffreau | 2
Richie Beckett (Peter Mullan) est un mafieux qui règne sur Brighton avec l'aide de ses fils. Mais c'est sans compter sur la mafia albanaise, fraichement arrivée et qui est bien décidée à renverser le roi !
The Fear, mini-série composée de 4 épisodes, série de la chaine anglaise Channel 4, nous entraîne dans un conflit entre deux clans que tout oppose.
Richie Beckett (Peter Mullan) est donc un homme influent et il compte bien le rester. Mais la maladie va faire son apparition et va quelque peu redistribuer les cartes d'un jeu violent et sans concession.
Son business tourne très bien grâce à ses deux fils, aux caractères radicalement opposés, qui vont mettre les doigts dans un engrenage dont les conséquences seront désastreuses.
Mais The Fear, c'est aussi l'histoire d'une maladie (Alzheimer) qui ronge un peu plus chaque jour Richie Beckett, qui tente désespérément de garder le contrôle sur sa vie.
Certes, le sujet de la maladie n'est pas nouveau (Boss...), et la guerre des clans non plus (The Sopranos...), pourtant, la série va vite vous prendre aux tripes grâce à une superbe réalisation qui va donner beaucoup de relief aux personnages.
Pour ceux qui ne connaissent pas encore Peter Mullan, (vu récemment dans Top of the lake), sachez qu'il fit ses armes chez Ken Loach dans l'excellent "My Name is Joe" en 1998 entre autres. Il y est tout simplement époustouflant, son visage buriné collant parfaitement au caractère, il impose un jeu tout en force, avec une grande maîtrise.
N'oublions pas non plus Harry Lloyd (qui joue le rôle de Matty) , croisé sur la série Game Of Thrones, qui est lui aussi excellent dans son rôle.
Les premières minutes du pilot suffisent à nous convaincre que Peter Mullan est un comédien extraordinaire, sorte de chien fou, tentant de se maîtriser, et maîtriser ceux qui l'entourent, sans y arriver, bien entendu (ce serait trop beau sinon).
Les deux premièrs épisodes misent plus sur la violence des rapports humains que sur la psychologie plus présente sur la fin à cause de l'évolution de la maladie.
En tant que spectateur, nous sommes assaillis par diverses émotions qui nous submergent grâce à des scènes choquantes qui laissent sur le carreau.
Le danger est omniprésent, les albanais sont de véritables fous furieux, mais le clan de Richie Beckett ne s'en sort pas mieux, et les confrontations sont inévitables avec beaucoup de tensions, le compromis ne faisant que rarement partie du vocabulaire des malfrats.
La série va prendre le parti de jouer sur plusieurs tableaux ; à la fois violente, psychologique, dramatique, choquante, traitant de la maladie avec beaucoup de retenue, en nous insinuant dans le cerveau de Beckett.
Car finalement il eut été facile de faire dans la surenchère d'effets, de dramatisation à outrance, et de surjeu.
Mais ici, rien de tout ça, tout est parfaitement abouti, le parfait équilibre entre émotion à fleur de peau et moments plus "calmes".
La réalisation est une grande réussite, alternant les effets de ralentis, le bokeh vu également dans Boss entre autres (sorte de flou artistique) , un travail très soigné.
The Fear distille la peur avec une classe effrayante, on en vient à avoir peur pour la famille Beckett, au coeur de la tornade, et l'on ne sait comment ils pourraient s'en sortir.
Ressentir de la peur pour des personnages pour le moins antipathiques est une sensation assez déroutante, surprenante.
La série se joue de nos émotions que l'on croit maîtriser, mais il n'en est rien, puisqu'on se laisse embarquer dans cette aventure sanglante.
Ce qui ressort de cette épopée, c'est la solitude grandissante de cet anti-héros qu'est Beckett, qui au fur et à mesure que la maladie le gangrène, s'avère être de plus en plus entouré ! Et c'est tout le paradoxe de l'histoire, il lutte contre lui même, avec sa mémoire défaillante, son passé, sa vie, et ses proches qui veulent l'aider ne peuvent finalement rien faire, il ne maîtrise plus rien, un comble pour un personnage comme lui.
Car quoi de mieux pour mettre en scène la perte de contrôle due à une maladie, que justement de la montrer via un homme qui a fait du contrôle de sa vie un leitmotiv.
Beckett est ainsi entrainé dans sa propre peur, celle de mourir, de ne plus se souvenir, de ne plus rien maîtriser, de ne plus pouvoir se battre, de perdre face à la maladie, de perdre ses proches.
Bilan
Une mini-série qui prend aux tripes, et qui ne ménage pas nos émotions, sans tomber dans la caricature à outrance.
Une réalisation subtile, pour plonger au plus profond de l'âme, et des acteurs tous au diapason.
2 Commentaires
Le 22/06/2013 à 16h41
Visiblement je suis le seul, mais moi j'aimé aimé la série et la critique.
Le 31/08/2013 à 22h55
Non tu n'es pas seul Ouioui, j'ai également beaucoup aimé cette mini-série qui a la touche britannique qui nous fait nous demander comment ils font pour nous embarquer si rapidement. Tout se met en place rapidement, on a des personnages très profonds, et traiter de la maladie d'Alzheimer dans ce milieu où une petite erreur peut vous coûter la vie (ainsi que celle de votre famille) créé une immense tension. On est à l'étroit dans ce monde qui se rétrécit aussi vite que la mémoire de Richie et ça nous prend aux tripes ! Bravo ! Splendide réussite !