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Da Vinci's Demons - Bilan saison 1

Bilan saison 1 © 2013 - Starz

Dans Da Vinci’s Demons, l’Histoire est un prétexte. Leonardo, et son génie, sont des prétextes. Ce n’est pas un hommage à Leonardo Da Vinci, ou à son époque, et une fois qu’on a compris cela, on peut apprécier la série comme le divertissement fort agréable qu’elle est, malgré ses défauts.

Pour la chaîne, Starz, la série avait notamment pour objectif d’amortir la fin de Spartacus. Et si les deux shows ont pour point commun d’être Historiques sans l’être, et de s’appuyer sur un personnage central fort, Da Vinci’s Demons ajoute à la formule une dose d’humour, un côté fantaisiste, dont Spartacus était dépourvue. En cela, la nouvelle série de Starz, aurait plus tendance à remplacer Merlin, la série de BBC1, qui s’est elle aussi terminée cette année.

Quoi qu’il en soit, la série possède une solide base strictement historique, si romancée soit-elle, puisqu’elle se déroule au 15ème siècle, à Florence, ville prospère, gouvernée par les Médicis, dynastie de mécènes, qui y encouragent la science, et l’art sous toutes ses formes. De son côté, le Vatican, alors dirigé par le Pape Sixtus IV, cherche à étendre la domination de l’Eglise sur toute l’Italie, et Florence est un enjeu économique important, puisque la famille Médicis fût longtemps une banque majeure en Europe.

On retrouve donc Lorenzo le Magnifique, fin stratège qui mena Florence à son apogée, Giuliano, son frère, ou encore la famille Pazzi, leurs ennemis jurés. Ici, Lorenzo est un personnage froid, mais intelligent, seul à percevoir en Da Vinci, sous son masque d’excentricité, un génie. Quant à Giuliano, il est assez antipathique en début de saison, et on a tendance à le sous-estimer. Il se révèle néanmoins rapidement plus réfléchi que prévu, malheureusement, on en verra pas davantage à son sujet. Rien de bien compliqué donc du côté des personnages, qui sont finalement assez prévisibles. De ce côté-là, tout l’effort semble avoir été fait autour de Da Vinci.

Car ce qui fait la force de la série, au-delà de son contexte plus ou moins historique, c’est la personnalité de Da Vinci. Si surprenante, inattendue soit-elle, et même si elle risque de bloquer totalement ses habituels admirateurs, elle apporte à la série une bonne part de son humour, et justifie en grande partie qu’on la qualifie de série d’aventure. On se retrouve donc face à un Da Vinci jeune, et avant tout caractérisé par son excentricité. A la limite du « bad boy », provocateur, il voit la vie comme un jeu, prêt à prendre tous les risques pour assouvir sa soif de connaissances, pour tout comprendre, tout apprendre.

Sous ce côté savant fou se cache pourtant un personnage torturé, par une mère qui semble l’avoir abandonné avant qu’il ne puisse se souvenir de son visage, et un père qui le rejette. Mais finalement, ce n’est pas le plus important, car avant tout, c’est son enthousiasme à toute épreuve, son amour de la nature, de la vie sous toutes ses formes, qui nous attache très vite au personnage. Son énergie débordante est contagieuse, tant pour les autres personnages, que pour le spectateur.

“Every question you answer leads to another question, and such quests lead many to nothing but misery.”
Da Vinci : “The true misery, is if all the questions are solved, ‘cause then, there’s nothing left to ask.”

De plus, et la série en est grandement renforcée, l’acteur progresse au fil des épisodes. Fort d’un charisme certain, et bien que très moyen en début de saison, il devient de plus en plus convaincant. Da Vinci, sous les traits de Tom Riley, me rappelle parfois un certain Tom Hulce, interprétant Mozart dans le film Amadeus en 1984, car les deux partagent ce côté déjanté, qui, certes, collait bien plus facilement à Mozart qu’à Da Vinci. Mais au fur et à mesure que le spectateur, comme l’acteur, découvrent et approfondissent le personnage, Leonardo se révèle, et c’est en grande partie grâce à lui que l’on termine la plupart des épisodes avec un petit sourire aux lèvres.

Ainsi, le Da Vinci de Starz, est un trublion, téméraire, qui se place régulièrement dans des situations étranges, ou délicates, voire même dangereuses. Et son ingéniosité, quoi que très régulièrement mise en avant, est surtout une toile de fond pour la série. Et si on trouve plusieurs véritables hommages à l’apport de Leonardo en matière d’art ou de science, tels que sa machine plus ou moins volante, sa curiosité pour le vol des oiseaux, son inventivité lui sert avant tout à se sortir de divers mauvais pas.

Et on peut craindre, lors des premiers épisodes, que s’éternise la formule selon laquelle, Da Vinci trouve, à chaque épisode, une solution miracle à une intrigue autonome, et n’apportant pas grand-chose aux storylines de la saison. Mais rapidement, les mécanismes se sont diversifiés, pour notre plus grand plaisir, et petit à petit, la série imbrique ses diverses intrigues, pour en faire un ensemble assez vaste, mais parfaitement cohérent, qui entoure Da Vinci.

Car au-delà de son contexte politique, la série traite divers sujets qui la rendent moins simpliste qu’elle n’y paraît. Elle survole notamment l’éventuelle homosexualité du Maestro, mais sans toutefois se prononcer. On croise également un contemporain inattendu de Da Vinci, en la personne de Vlad III, dit l’Empaleur, alias Dracula selon Anne Rice. Un clin d’œil peut-être à la vague-vampire de ces dernières années, qui fait presque tâche dans l’ensemble de la saison, car c’est un épisode plus sombre que les autres.

Mais surtout, au fond de cette opposition entre le Vatican et Florence, on trouve une opposition philosophique majeure : celle des courants progressistes et conservateurs. En effet, l’importance du mécénat à Florence représente une opposition plus ou moins directe à la volonté du Vatican, dont on entend souvent que les archives regorgent de découvertes qui ont été cachées à la face du monde. C’est notamment en raison de ses espoirs en terme de progrès que Da Vinci se place aux côtés des Médicis, devenant l’ingénieur en armement de Lorenzo, et permettant ainsi à la cité de lutter contre les envahisseurs religieux.

Par ailleurs, le Vatican n’est pas la seule composante religieuse de la série, puisqu’il y a d’autres allusions. En effet, parallèlement à l’intrigue politique qui oppose Florence au Vatican, tout au long de la saison, Da Vinci est manipulé (pour le meilleur ou pour le pire) par un groupe religieux, les Sons of Mithras, inspirés du culte de Mithra, ou mithraïsme.

De façon plus indirecte, l’un des deux amis de Leonardo dans la série, se nomme Zoroaster, équivalent Grec de Zarathoustra, prophète fondateur du Zoroastrisme, l’un des premières religions monothéistes, qui a justement participé à la disparition du culte de Mithras.

Ainsi, Da Vinci est attiré, manipulé par différentes forces. S’il est bien trop malin pour se laisser convaincre par les arguments du Vatican, qui cherche à en faire son allié, sa soif de connaissances, et sa curiosité, ainsi que sa volonté d’en apprendre davantage sur sa mère, lui interdisent de ne pas rechercher le Book of Leaves, sur la piste duquel le guident les Sons of Mithras. Néanmoins, en fin de saison, il semblerait que face à son amour pour Florence, sa soif de connaissances puisse attendre.

Par ailleurs, compte tenu de ces différentes oppositions, la saison, bien que composée de seulement 8 épisodes, possède un nombre assez importants de « méchants, » menés par le Pape Sixtus IV, particulièrement ambitieux, et qui semble être le seul qui soit réellement à craindre. Son neveux Riario, quant à lui, quoi que très bien interprété par Blake Ritson, n’est qu’un pantin, pas forcément très malin, et nous inspire plus de pitié que de crainte, en raison notamment des traitements que lui réserve son oncle.

Enfin, et puisqu’on est sur Starz, on trouve également une intrigue amoureuse, avec ses inévitables scènes de sexe. Mais pour comparer encore une fois à Spartacus, on peut dire qu’ils ont été un peu plus subtils cette fois. Et si Lucrezia Donati, espionne du Vatican, est un personnage à la fois discret et important, sa relation compliquée avec Da Vinci se noie quelque peu dans la masse d’autres storylines bien plus croustillantes, ne suscitant qu’un intérêt limité.

D’un point de vue un peu plus global, Da Vinci’s Demons étant non seulement historique, mais également, une série d’aventure, on sent plus ou moins fortement que des films comme le Da Vinci Code, et autre Benjamin Gates, et même le jeu Assassin’s Creed, sont passés par là.

Ainsi, c’est assez classique, très conventionnel, sous certains angles, mais ça reste très efficace, tant qu’on n’a pas envie de se prendre la tête.

De plus, la saison n’étant composée que de 8 épisodes, le rythme est pour le moins soutenu. Et s’il n’y a rien de bien compliqué, on enchaîne des scènes variées, le tout délicatement baigné dans une fine dose d’humour. Enfin, la tension monte lentement au fil des épisodes, et on peut dire qu’elle est assez importante dans le dernier. Après vous être doucement mais sûrement attaché aux différents personnages, le suspens final, bien mené, et très efficace, vous prend aux tripes.

Un mot, en guise de conclusion, au sujet du cliffhanger de l’épisode 8, qui est une véritable queue de poisson. Certaines séries, annulées, n’ont pas de fin. Heureusement, celle-ci a été renouvelée ! Car la saison 1, finalement, ne boucle aucune boucle, et se termine en plein milieu d’un bain de sang, alors que la plupart des intrigues explosent. Et si le suspens est indéniable, la frustration a tendance à être encore plus forte. On est donc en droit d’attendre beaucoup de la saison 2, et ce dès son commencement.

7/10

Bilan

Mélange habile de faits historiques et d’aventure, ponctuée d’humour, Da Vinci’s Demons a pour point fort la cohérence de son ensemble. Si la pertinence d’un Da Vinci excentrique au possible, si bien interprété soit-il, peut en bloquer certains, la série reste un divertissement des plus agréables. Elle remplit ses objectifs, qui ne tiennent que très partiellement de l’hommage au génie et à la Renaissance Florentine.

9 Commentaires

  • Ouioui
    Le 07/08/2013 à 11h32

    Le divertissement n'étant pas une explication encore moins une excuse à tout, je trouve que l'on passe les limites (Mais visiblement il n'y en a pas) avec Da Vinci' démons.
    Parodie de licence qui renifle autour du maitre de la renaissance (Rien que ça...) et du Da Vinci Code (du gros malin Dan Brown) pour nous faire une série "d'aventures" avec une complexité psychologique de planche à repasser.
    Plutot que de lécher les fesses de sujets que l'on gâche (Léonard de Vinci quoi....) pourquoi ne pas faire une série d'aventure originale. C'est pas plus de boulot, et ça sonnera moins licencing, c'est sur.
    C'est au bout du compte faire peu de cas du genre "Aventure" qui mérite mieux que ces bouffonneries touristiques.

  • Ouioui
    Le 07/08/2013 à 11h34

    Mais fort bel effort de critique pour ce long papier de Laura qui tente de nous donner envie et de trouver des points positifs.

  • Nicolas
    Le 07/08/2013 à 11h43

    Et ben moi je dois avouer que j'ai attaqué cette série sans aucune prétention et en prenant même mes distances par rapport à Da Vinci car j'aurais été forcément déçu autrement. Une fois finalement fait abstraction de l'Histoire, on tombe dans une série sympathique, pas prise de tête et dans laquelle je prenais malgré tout plaisir à regarder. Est-ce un souci ? Pas pour moi vu que des séries comme ça, ça fait aussi du bien :)

    En plus je dois avouer que j'ai un faible pour toute ce cadre historique (Florence, XVe siècle) donc je ne voulais pas être déçu et j'ai fait en sorte de ne pas l'être, quitte à fermer les yeux sur beaucoup de choses.

  • Zhurong
    Le 07/08/2013 à 13h49

    Assez d'accord avec Nicolas... Mais avec Ouioui aussi.
    J'avais vraiment envie que cette série soit bonne car elle avait beaucoup de chose pour elle sur le papier : un personnage historique génial, un background passionnant (Florence, la papauté au pinnacle de sa puissance, etc...) et un léger côté steampunk de la part la modernité des quelques inventions de Da Vinci qui y sont présentes.
    Malheureusement la partie aventure prend un peu trop le pas sur le reste, et celle ci n'est pas d'un intérêt majeur... Au final je reste assez clément sur cette première saison car il y a un certain nombre de bons moments. Mais sur la durée, je ne suis pas sûr que ça durera, il y a trop de séries à essayer/regarder pour perdre son temps quand les espoirs du début sont définitivement déçus.

  • Guillermina
    Le 07/08/2013 à 18h16

    Je donne 10/10

  • dimitri
    Le 08/08/2013 à 23h13

    Petite question qui me tracasse:
    Si l'histoire est un prétexte et que le génie de Da Vinci en est un aussi, la série est-elle donc aussi un prétexte?

  • Ouioui
    Le 09/08/2013 à 08h13

    Think Dimitri, think harder. Oooh god not that harder !

  • Cherry / Laura
    Le 10/08/2013 à 13h30

    Dimitri t'as pas plus philosophique ? Tu m'as plantée avec ta question...
    La série, un prétexte à ? Faire de l'argent ? Divertir ?
    Je disais ça dans l'sens où le fond de la série, l'histoire et Da Vinci, sont pas utilisés de la manière à laquelle on aurait pu s'attendre... Ce côté décalé était pas forcément prévisible, c'est pas une série "sérieuse", qui, justement, prenne au sérieux ces éléments...
    Si on en attendait davantage, oui, la série n'est peut-être qu'un prétexte...
    Le fait est, si on s'prend pas la tête, on passe un bon moment devant, elle est agréable... Même si le contexte n'est pas traité avec le sérieux auquel il a peut-être droit, ça dépend des points de vue...

  • Ereah
    Le 12/02/2014 à 19h48

    l'idée de départ était bonne.
    Mais aie aie le jeu d'acteurs (surjoué, grotesque, on n'y croit pas un seul instant) et les effets spéciaux. C'est dommage...

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Note de la série :
7.6/10