Homeland - 5x4 : Why Is This Night Different?

© Showtime - 2015

Faux-semblants, traitres, taupes… Les recettes des histoires d’espionnages sont toujours les mêmes, ce qu’il faut, c’est que les intrigues et les personnages de ces histoires romanesques ou télévisuelles soient assez solide et bien construits pour que ces recettes continuent à nous surprendre. C’est le cas de cette nouvelle saison d’Homeland qui, après trois épisodes, démarre véritablement avec cet épisode 4.

Nous avions laissé Carrie aux mains de Quinn, dans l’attente de la confrontation entre les deux agents autrefois si liés. Évidemment, nous nous en doutions fortement, il était clair que Quinn n’allait pas tuer Carrie. Ce qui était moins facile à prévoir était le retournement de situation. Pour résumer, Carrie réussit à faire douter Quinn du rôle de Saul dans la désignation de sa mort. Et l’intuition de la jeune femme s’avère exacte puisqu’on s’aperçoit à la fin de l’épisode que la mort de Carrie, et aussi celle de Quinn ont été commanditées non par Saul, mais par Allison Carr, la chef de station de la CIA à Berlin. Miranda Otto incarne un personnage qui, au premier abord, semblait destinée à jouer un rôle secondaire classique. Or son personnage est déjà devenu, au bout de quatre épisodes, extrêmement ambigu. On la voit tour à tour tenter de faire virer Saul, puis coucher avec lui, puis passer dans son dos pour tenter de tuer Carrie et Quinn. Difficile de savoir quelles sont ses motivations, même si il serait logique qu’elle tente de se débarrasser de notre héroïne pour sa participation potentielle à la fuite des documents piratés. Mais j’ai la sensation qu’il se trame autre chose. Les futurs épisodes nous en apprendront sans doute plus.

Également, comme depuis le début de la saison, l’intrigue centrée sur les agissements de la CIA est vraiment intéressante car extrêmement ancrée dans la réalité. Saul et Allison mènent une opération secrète afin d’entrer en contact avec le général Youssef, potentiel candidat pour remplacer Bachar El-Assad. Évidemment, une telle opération, dans la réalité, ne serait pas si simple. Mais tous les propos tenus pendant ces moments de l’épisode sont très réalistes, parfaitement en accord avec ce que l’on peut lire ou entendre sur la situation en Syrie et sur Daesch. Contrairement à 24 où l’espionnage était traité dans son prisme le plus spectaculaire et divertissant, Homeland nous offre à nouveau, comme elle l’avait fait la saison dernière, une vraie série politique où les enjeux collent à la réalité. Dans cette partie, Saul Berenson (toujours parfaitement interprété par Mandy Patinkin) est vraiment un personnage passionnant : il est devenu le vieil espion dans toute sa splendeur, capable de manipuler ses adversaires et ses alliés comme des pions sans avoir à transpirer. Néanmoins, certaines choses lui échappent, puisqu’il n’avait clairement pas prévu l’explosion de l’avion de Youssef. Décidément, alors que la série a bien appuyé – à raison – sur les agissements des américains à Berlin et en Europe, il semble que d’autres joueurs soient à la table de jeu.

Pourrait-il s’agir des russes ? A nouveau, comme dans toute bonne histoire d’espionnage, les agents du FSB (ex-KGB) ne sont jamais très loin. Mais pour l’instant, ils n’interviennent que dans l’intrigue des documents hackés. C’est le seul point noir de l’épisode, et d’ailleurs du début de la saison. Comme je le disais dans ma dernière critique, les scénaristes ont choisi la facilité en mettant la clé USB contenant les fameux documents dans les mains d’un garçon avide. Bien entendu, ce dernier en paie le prix, mais toute cette intrigue n’avance qu’à petits pas, préparant sans doute quelque chose de plus important pour la suite. Mais il est dommage à nouveau que l’aspect « lanceur d’alerte », le potentiel harcèlement des services secrets et l’impact sur le public ne soit pas traité aussi bien que ne l’est la politique syrienne. Mais laissons le temps à ce fil d’évoluer et surtout, de rejoindre et de se mêler aux autres.