Fear The Walking Dead - 5x8 : Is Anybody Out There?

© AMC - 2019

Attention : vous devez avoir vu l’épisode avant de lire cette critique.

Pour son mid-season finale, Fear the Walking Dead met en scène une course contre la montre pour notre groupe de survivants qui espère bien filer avant la fusion annoncée du réacteur de la centrale nucléaire toute proche. La série n’étant pas parvenue à installer une réelle tension autour de cet évènement d’ampleur, ce huitième épisode hérite d’un sévère handicap avant même qu’il ne débute.

Is Anybody Out There ? s’ouvre sur une séquence flashback qui voit Morgan & Co lancer des bouteilles à la mer via la radio de la fabrique de jeans devenue leur quartier général. Après des jours voire des semaines sans réponses, le fameux Logan répond à l’appel et débarque récupérer son dû. Rien de bien intéressant si ce n’est que ce passage se situant avant le début de cette cinquième saison réintroduit le nemesis jusqu’ici absent des écrans depuis sa première apparition dans le season premiere. Sans subtilité aucune, Fear distille en fait les premiers éléments de sa seconde partie de saison : Logan et ses lieutenants ont fouillé l’usine de fond en comble à la recherche d’un objet dont la disparition semble mettre les hommes du camionneur sur les nerfs.

L’intrigue principale démarre enfin pour resituer Alicia après son exposition à du sang de rôdeur radioactif. Retrouvée par Morgan et Grace, la jeune femme rallie finalement le groupe après une douche de décontamination probablement salvatrice. C’est sans compter la horde de morts-vivants qui la suivait jusqu’ici et qui devient une menace pour le décollage de l’avion. Quelques rebondissements sans effet plus tard, la horde parvient tout de même jusqu’à l’engin qui attend la dernière seconde pour décoller avec John et Dwight coincés à quelques kilomètres. Là aussi la recherche d’un véhicule par le duo apparaît sans saveur. De manière globale, et je l’ai déjà souligné, Fear the Walking Dead ne parvient plus à mettre ses personnages en danger (ou en tous cas on ne le ressent pas assez) et donc à saisir ses téléspectateurs. On ne sait trop s’il s’agit de la conséquence d’un recours abusif - ou maladroit- au plot armor ou si l’intrigue est simplement victime d’un mauvais traitement. Les deux probablement.

Bref, tout le monde, y compris les enfants, décolle alors que la structure de la centrale nucléaire s’effondre et que la fusion du réacteur est imminente. Un bon gros nuage noir de fumée numérique suffira pour souligner une menace qui n’en a jamais réellement été une à cause de son traitement désastreux par les équipes créatives. Andrew Chambliss et Ian Goldberg ont tout simplement gâché un potentiel monstre à la portée originale suffisante pour redonner un coup de fouet au show. La tension continue de flirter avec le niveau zéro et les rares efforts de la série pour nous saisir ne parviennent pas à restaurer notre confiance après plusieurs une suite d’épisodes décevants.

Désormais loin du danger atomique, l’engin de fortune vole tant bien que mal vers son lieu d’origine. S’enchaînent alors plusieurs séquences de dialogues entre les personnages dans la carcasse tremblante de l’avion. De longues minutes peu intéressantes de par la forme obligatoire qu’elles prennent, à savoir filmer les personnages de près dans un décor étroit et se limiter à cela. Vient alors le temps de l’atterrissage qui, sans surprise, devrait bien se dérouler alors que les trois-quarts du casting principal se trouve à bord de l’appareil. À l’autre bout de l’état, Sarah et Wendell se sont affairés à trouver un semblant de piste d’atterrissage. Ils seront rejoint par Daniel, revenu de sa mission secrète pour l’instant toujours secrète, qui leur fournira des guirlandes de Noël pour baliser la piste et faciliter l’atterrissage de nuit de l’avion. Tout est bien qui finit bien donc, et ce après un rebondissement raté qui a vu Wendell sauver la mise à tout ce beau petit monde. Même Daniel retrouve son chat Skidmark dans ce happy ending facile.

Pour ses dernières minutes Is Anybody Out There ? continue de teaser la deuxième partie de cette cinquième saison. Logan (Matt Frewer) débarque en pleine nuit pour solliciter l’aide de ceux qu’il a jadis trompé. Sa lieutenante et ses hommes semblent l’avoir abandonné alors qu’ils avaient entrepris la recherche d’un atout d’envergure : un système qui s’apparenterait à une raffinerie pour éviter la péremption de l’essence. À l’origine de cette découverte, le routier ange-gardien Clayton qui a répertorié la localisation de sa trouvaille dans ses carnets désormais détenus par Luciana. Le nemesis de cette seconde partie de saison vient-il réellement soulager sa conscience ou fait-il de nouveau preuve de fourberie ? Ainsi se termine cette première partie de saison, sans cliffhanger aucun. Une volonté des showrunners qui imaginent les deux parties de saisons comme distinctes depuis leur arrivée sur la série l’année dernière.

Vous l’aurez compris, Is Anybody Out There ? est un mid-season finale très moyen qui souffre des mêmes difficultés que cette première partie de saison pour sa majorité on ne peut plus décevante. Les intrigues simplistes aux enjeux trop mous sont tirées par des grosses ficelles dommageables dans ce scénario de Michael Alaimo intervenant jusqu’ici comme co-producteur exécutif. Il n’existe plus aucune subtilité dans les dialogues et plus rien ne passe par le langage non-verbal ou la mise en scène. Malgré tout son talent, le réalisateur Michael E. Satrazemis peine à remonter le niveau. Le casting principal et secondaire déborde, provoquant ainsi une surcharge du devant de la scène : les personnages jouent des coudes à l’écran et grappillent quelques minutes de présence ici et là quand leurs apparitions ne relèvent pas de l’anecdote. C’est à se demander si Chambliss et Goldberg sont toujours à la barre de leur navire. Fear a indéniablement perdu de sa superbe ces dernières semaines.

Le mid-season finale profite d’une habituelle remontée d’audience avant le retour de la série le 11 août prochain. Pour cette pause estivale, Fear the Walking Dead s’est offert une vitrine de choix avec un panel exceptionnel au Comic Con International de San Diego. Le casting et une partie de l’équipe créative ont frappé fort en investissant le célèbre Hall H dans une tentative désespérée de motiver les troupes à l’aube d’un tournant décisif pour la franchise. L’ex-showrunner Scott Gimple en a d’ailleurs profité pour annoncer le renouvellement de la série pour une sixième saison malgré des audiences en berne. D’ici là, ses successeurs ont fort à faire : sortir de l’enlisement et proposer une intrigue fouillée mieux exécutée que cette première partie de saison sans saveur.