
Tous les jeudis nous revenons sur une série qui a marqué l’histoire de la télé ou nos mémoires. Aujourd'hui : Star Trek.
Space, the final frontier. These are the voyages of the starship Enterprise. Its five year mission : to explore strange new worlds, to seek out new life and new civilisations, to boldly go where no man has gone before.
Voici le générique que découvrait pour la première fois le public de la NBC, le 8 septembre 1966, soit quasiment 50 ans jour pour jour. Retour sur Star Trek, série culte qui a su s’aventurer là où nul autre programme télévisuel n’avait jamais osé aller avant.
L’aventure d’un space western
Star Trek est née au début des années 1960 dans l’esprit de Gene Roddenberry. Ancien policier reconverti dans l’écriture de séries télés, il souhaitait mélanger deux choses qu’il adorait : le western et la science-fiction. Star Trek était d’ailleurs vendue comme un space western, avec un équipage partant à la découverte de territoires inconnus et vivant des aventures trépidantes, tels les pionniers du XIXème siècle.
Malheureusement son projet fut refusé par CBS, cette dernière lui préférant Lost in Space. Mais Herbert Franklin Solow, qui travaillait au sein de la Desilu (la maison de production de Lucille Ball), était convaincu par le potentiel du projet de Roddenberry. Il réussit à obtenir de la NBC une commande de pilote… lui aussi refusé, car considéré comme trop cérébral. Les deux hommes étant têtus, la NBC accepta exceptionnellement de financer un deuxième pilote. Le script fut modifié et le casting complet changé, à l’exception de Leonard Nimoy dans son rôle de Mr Spock. Le rôle du capitaine du vaisseau revint à William Shatner, star montante du petit écran. Cette fois les retours furent bien meilleurs et la chaîne commanda une saison pour la rentrée 1966. Sans le savoir, ils lancèrent ce qui servit longtemps de mètre étalon et de modèle en terme de série de science-fiction.
Démonstration philosophique en carton-pâte
Il faut savoir que la SF était déjà bien implantée sur le petit écran, mais toujours dans des histoires simplistes, destinées à un public jeune et pas trop exigeant. Comme elles, Star Trek était faite avec les moyens du bord à grands coups de rochers en polystyrène et de monstres en latex. D’ailleurs le célèbre système de téléportation a été inventé pour pallier un problème de budget, les animations d'atterrissage et de décollage de navettes spatiales étant trop chères.
Mais au-delà de son aspect carton-pâte Star Trek avait quelque chose en plus qui fit que son public était composé de jeunes adultes ou d’étudiants. Elle proposait un contenu plus profond que les autres séries du genre avec des thématiques toujours proches d’une démonstration philosophique, interrogeant le spectateur sur l’humanité, ses rêves, ses espérances.
La vision de la série est résolument optimiste. L’humanité ne connaît plus de guerres, ni de discriminations selon la couleur de peau ou bien la religion. La Fédération semble être une utopie pacifiste vers laquelle chacun devrait tendre. Si aujourd’hui on peut trouver cette vision naïve, en 1966 elle a fortement bousculé. Pour rappel les Etat-Unis étaient en pleine Guerre Froide, enlisés au Vietnam et certains états du Sud pratiquaient toujours la ségrégation. D’ailleurs l’équipage multiethnique de l’Enterprise fit grincer pas mal de dents. Certaines chaînes du Sud refusant même de diffuser la série car il était “choquant” qu’une femme noire ait un rôle aussi important dans une série. Gene Roddenberry aurait réagi par un “qu’ils aillent se faire voir”. Le créateur de Star Trek croyait réellement en cette vision idyllique et ne cherchait aucunement à provoquer en mettant dans l’équipe un asiatique, un Russe ou bien une femme afro-américaine.
Peut-être qu’il chercha plus la provocation lorsque dans la troisième saison il écrit la première scène de baiser multi-racial à la télé. Effectivement, dans un épisode, Kirk et Uhura échangent un baiser. Étrangement, plus que des plaintes, ce fut surtout des encouragements que reçut la production, les idées changeaient doucement mais sûrement, cependant la scène reste historique.
De la série au culte
Si une série culte se définit par l’impact qu’elle a acquis au fil des ans (selon Alain Carrazé) alors cette définition correspond parfaitement à Star Trek. Contrairement à ce que l’on peut croire, la série fut presque un bide lors de sa diffusion. La première saison apportait certes un vent de fraîcheur, mais la deuxième vit ses audiences s’effondrer. NBC avait même prévu d’annuler le show mais pour la première fois de l’histoire de la télévision des fans se mobilisèrent pour faire pression. Courriers, coups de téléphone et même une manifestation devant les studios réussirent à faire fléchir la chaîne qui commanda une troisième saison. Mais la série n'étant toujours pas assez rentable l’annulation fut cette fois définitive en mai 1969. Deux mois plus tard l’homme marchait sur la Lune, la boucle était bouclée, nous étions passés du rêve de l’espace à la réalité.
L’histoire aurait pu s'arrêter là mais un miracle se produisit. Paramount, qui avait racheté la Desilu entre temps, estima que 79 épisodes suffisaient pour la syndication. Ils vendirent alors la série à des centaines de chaînes américaines et étrangères. Sur ce nouveau réseau de diffusion, Star Trek trouva un public bien large. Comme une traînée de poudre le nombre de fans augmenta exponentiellement au rythme des rediffusions. Trois ans après l'arrêt de la série eut lieu la première convention Star Trek rassemblant des centaines de “trekkies”. La ferveur au fil des ans ne baissant pas, bien au contraire, Paramount vit là une très bonne manne financière et en 1979 sortait Star Trek : The Motion Picture. Si beaucoup de personnes lui reprochèrent, à juste titre, d’avoir plus misé sur les effets spéciaux que sur le scénario, d’autres films rectifièrent le tir par la suite.
Aujourd’hui Star Trek est devenue une véritable saga véhiculant un univers dense et cohérent.
La franchise regroupe six séries : Star Trek: The Original Series (1966-1969), Star Trek: The Next Generation (1987-1994), Star Trek: Deep Space Nine (1993-1999) Star Trek: Voyager (1995-2001), Star Trek - Enterprise (2001-2005) et enfin Star Trek : Discovery prévu pour 2017. On trouve aussi en vrac, une série animée, 10 films prolongeant l’expérience télévisuelle et, depuis 2009, une nouvelle version de la série originale sur grand écran selon J.J. Abrams.
Star Trek est désormais une référence incontournable de la culture pop et un monument de la science-fiction. Elle a ouvert les portes pour d’autres oeuvres phares, Star Wars en tête. Elle plane toujours comme une ombre derrière chaque série de space opera, que ce soit par exemple Babylon 5, Battlestar Galactica ou la franchise Stargate. Elle inspirerait même les scientifiques dans leurs recherches. En tout cas on ne doute pas un seul instant que dans les années à venir elle fasse encore parler d’elle, même en France où les diffusions ont été assez sporadiques.
Et vous, comment connaissiez-vous Star Trek ? Et comprenez-vous la passion génère ?
3 Commentaires
Le 18/09/2016 à 00h04
Excellent dossier Retro ! =)
Pour ma part je l'ai découverte il y a quelques années seulement, et une fois l'image un peu kitch passée, je l'ai avalée d'un traite, les 6 films compris. Les histoires sont très bonnes, les personnages intéressants, et surtout on découvre ici de très nombreux concepts et synopsis très innovants pour l'époque et qui ont inspiré à foison les Space Opera qui ont suivi, et qui suivent aujourd'hui encore. Un belle dose de culture SF que je recommande à tous.
Quant à moi en attendant la future Star Trek: Discovery, je viens de me lancer dans la deuxième série du nom, Next Generation, et c'est tout aussi bon.
Le 20/09/2016 à 10h15
Probablement la série qui a fait que je suis tombé dedans enfant, comme Obélix!
Le 27/09/2016 à 22h21
Trekker ou trekkie, je ne sais pas ! Mais cette série (et toutes celles qui ont suivi) est bien plus intelligente que certains le croient...
J'attends avec impatience Discovery ayant tout vu !!!!