Interview de William Simpson, storyboarder de Game of Thrones

HBO - William Simpson

Lors du Comic Con Paris 2016, SeriesAddict a rencontré William Simpson, le storyboarder de Game of Thrones. Découvrez maintenant son interview !

Pouvez-vous nous en dire plus sur votre travail de storyboarder ?
Le storyboarder interprète ce que le réalisateur veut initialement, voir à l'écran. Je m'assois donc à la table du réalisateur, cinq différents réalisateurs dans le cas de Game of Thrones, et j'essaye d'entrer dans leur tête, afin de comprendre ce qu'ils veulent. Certains réalisateurs ont une idée très précise de ce qu'ils veulent, il y a donc peu de variations avec les dessins. D'autres sont plus souples et me laissent plus libre dans mon interprétation de l'histoire. Vous passez donc d'un extrême à l'autre. Mais globalement, mon travail consiste à dessiner les storyboards des scènes que vous verrez à l'écran. Certaines impliquent l'usage d'effets spéciaux, nous avons donc besoin de d'abord les dessiner pour mieux comprendre où l'argent va être dépensé. Parce que la question est de savoir : peut-on très bien raconter l'histoire sans dépenser trop d'argent, parce que vous êtes déjà en train d'en dépenser pour une scène.

Quelle est la scène dont vous êtes le plus fière ?
Pour différentes raisons, j'adore la scène de bataille de Hardhome, justement parce qu'elle a été bien dessinée. Il y a aussi la bataille de Blackwater, mais parce que j'en ai dessiné plusieurs versions. Mais il y a deux scènes sur lesquels j'ai dû travailler sans les réalisateurs parce qu'ils ne pouvaient pas être présents : il y a l'émeute avec Joffrey (Jack Gleeson), pendant laquelle Sansa (Sophie Turner) se fait attaquer. Quand David Nutter, le réalisateur, a vu le storyboard que j'avais dessiné, il a décidé de filmer la scène tel quel. Ce que vous voyez à l'écran est directement basé sur ce que j'avais dessiné. La même chose est arrivée avec Alik Sakharov. J'ai dû m'occuper de la scène dans laquelle Jon Snow (Kit Harington) escalade le Mur de glace. Alik ne pouvait pas être là et il a aimé mon travail, et la séquence filmée est ce que j'avais dessiné. C'est le genre de chose qui fait que vous sentez qu'il y a une plus value dans votre travail d'artiste. C'est génial. Je pense que l'une de mes scènes préférées est la scène d'ouverture où vous voyez le Mur pour la première fois, parce que c'est juste le grand lever de rideau de Game of Thrones. C'est ce que nous avons montré à HBO pour leur présenter quelle genre de série nous voulions faire. Et je me souviens de ce jour, et tout ce que j'a dessiné se trouve à l'écran.

En tant qu'artiste, avez-vous des modèles, d'autres artistes que vous admirez ?
Oh mon dieu, tout au long de ma vie j'ai eu des modèles. Il y en a tellement ! Lorsque j'étais enfant, quand ma mère a vu que je savais dessiner, les premier livres qu'elle m'a acheté sont ceux de De Vinci et Michel-Ange et j'ai commencé à penser : "Quoi ? Je vais devoir faire aussi bien que ces types !" [Rires] Parmi mes artistes préférés, il y a Neal Adams, Jack Kirby. J'adore aussi ce que fait Frank Miller, il y en a tellement, ils sont si nombreux ! Ma liste s'agrandit à chaque fois que j'y pense, les noms que je vous ai cité ne sont qu'une infime partie de ce que j'ai en tête.

Vous avez cité de nombreux artistes issus de l'univers des comics, vous en faites vous même parti puisque vous avez aussi travaillé sur des comics comme Batman par exemple. Quels sont justement les différences entre travailler sur des comics et travailler sur des storyboards de cinéma ou de télévision ?
La différence entre les comics et les storyboards, c'est que lorsque vous dessinez une planche de comics, c'est une oeuvre d'art terminée. Vous déterminez comment vous allez remplir cette page. Vous êtes vraiment en train de composer une oeuvre d'art qui donnera du plaisir à quelqu'un qui va regarder cette page. Alors que pour le storyboard, lorsque vous voyez la planche, c'est toujours une oeuvre d'art, mais ce n'est pas encore fini, parce que vous ne voyez l'oeuvre finale qu'une fois à l'écran. C'est comme dessiner une ébauche préliminaire dans les comics. Mais j'apprécie faire les deux, car il s'agit dans tous les cas de raconter une histoire.

Source : SeriesAddict